Introspection collective

La Boîte à Rêves est invitée à Bâle pour une nouvelle résidence-spectacle. Une neuvième date pour ce projet en marge! Pourquoi ne pas amener, cette fois, un regard extérieur, une observatrice pour dévoiler les dynamiques de travail ? De la mise en place à la création. De la représentation au public. Comment se déroule la création du spectacle ? Où se trouve l'équilibre entre esthétisme et narration? Quels sont les atouts et les limites du travail en collectif? Mettre en lumière les clefs pour aller plus loin, taper plus fort, ouvrir le champs créatif. Et surtout voir si chacun·e trouve sa place dans ce joli remue-ménage.

Des étoiles plein les têtes ! C'est beau, ça se fête ! Comme d'habitude, une toute nouvelle équipe se forme sur la Klybeckplatz. Gab, Vanda et David connaissent déjà bien les défis et ouvertures offerts par cette camera obscura. Pour Eva et Lilli, c'est une première, elles découvrent petit à petit le dispositif et les contraintes de création.

Active et respectée dans le domaine du spectacle de rue (auteure d'articles pointus, dramaturge et enseignante), Stéphanie est d'accord de se prêter au jeu. Dotée de son regard expert, de sa plume franche - parfois douce, parfois grinçante -, elle prend ce rôle avec habilité et minutie. Arrivée sur place le vendredi, Stéphanie interroge séparément toutes les personnes impliquées pour ne rien manquer. On lui raconte le début de la semaine. Ces témoignages sont précieux. Ils lui permettent de former une vision globale, mais aussi de récolter les impressions personnelles des artistes. Des petits morceaux de cette expérience qu'elle rassemble avec attention. Les descriptions en sont alors empreintes.

L'exercice n'est pas facile. Cette neuvième Boîte à Rêves révèle quelques difficultés relationnelles, le manque de temps qui amène à trancher dans le gâteau de la créativité, souvent trop vite. Au début, ce miroir fait un peu mal. Mais très vite, ça fait du bien. Les facettes réfléchissent. On prend conscience des fragilités et, ensuite, on peut initier le changement. Se poser, discuter et se lancer, bricoler. Faire pour faire mieux.

Azul

Le travail en collectif: « L’amour-haine »

Le premier jour de recherche

Observations: La phase de la page blanche est importante. C'est le moment fort où l’imaginaire se libère.

Questions: Faut-il laissez davantage de place et de temps à l’ouverture, à la phase de test ? Est-ce qu'il y a un risque de se perdre à la table dans le concept ? Serait-il important de passer plus vite dans le concret, dans le "faire" ? Le focus sur l’image est-il trop grand ? Quid du texte ? Faut-il privilégier la spontanéité ?

Dramaturgie et mise en scène

Questions: Est-ce que la cohérence esthétique est nécessaire ou pas ? Devons-nous privilégier le cheap, la récupération, le « va comme ça vient », le punk ? Quant est-il de l'intérêt pour la narration ? Que raconte-t-on ? Est-ce que l'histoire est compréhensible ou pas ? Est-ce qu'il y a plusieurs niveaux de lecture ? Faut-il discuter la qualité de la production finale ?

Un temps de recherche-création réduit

Observations: La fatigue est présente quand on ne sait pas où ça va et qui décide. Le consensus et l'horizontalité ne sont pas toujours efficaces. Cela amène le risque d’abdiquer des exigences artistiques. Il y a beaucoup de frustrations. Le risque de retour à des propositions évidentes plutôt qu’inventives en raison de l’urgence existe. Ces conditions font qu'il n'y a pas de grande créativité.

Les rôles dans l’équipe

Observations: David tranche (et pourtant ce n’est pas clairement exprimé). Le regard extérieur (d’un·e metteur·e en scène par exemple) relève de la nécessité, pour s’assurer de la cohérence, du sens de certains détails et pour révéler les lectures biaisées involontaires (ex: la pin up dans la bouteille) Attention, la communication « vraie » est parfois coupée suite à des incidents Il est important de questionner la place de l’artiste dans un contexte politique tendu, dans une possible instrumentalisation.

Questions: Qui « lead » ? Qui décide qui fait quoi ? David a-t-il une bonne connaissance des contraintes horaires et techniques ? Son rôle est-il à fixer en amont ou pas, à nommer, à discuter ? Est-il important que chacun·e présente en préambule ses compétences et ce qu’ielle aimerait faire ou tenter (même si c’est a priori hors de ses pratiques artistiques habituelles) ? De finalement nommer les différences ? Qui occupe le rôle de pacificateur·ice (il ne peut être pris en charge par l'artistique, car il génère de la fatigue) ? Femme et mère de famille ? contraintes, charge mentale...

Le public

Questions: Convoqué ou pas ? Des réservations ou pas ? Dans un lieu culturel ou pas ? Dans l’espace public ? (marché, lieu de vie, rue piétonne...) Pour garder le charme du gratuit et du spontané

Observations: Nécessité d’une personne médiatrice qui fasse le lien / boniment La force de la Boîte à Rêves : deux spectateurs dans un dispositif format court

Des pistes

Tester deux Boîte à Rêves d’esprit TRÈS différentes:

une boîte « LSD », images coq à l’âne, juxtaposition délirante dans la dynamique du rêve à la Yann Hanz Myer absurde et surréaliste

une boîte avec finesse et précision dramaturgique, écriture de plateau et de texte plus approfondie ? Rêve de texte « fat » ?

Premiers changements possibles à effectuer:

2 jours de travail / 1 jour de pause / 2 jours de travail avant les représentations ? un cadre plus tenu ? refaire « l’emballage » de la Boîte à Rêves ?

Stéphanie

La Boîte à Rêves

La Boîte à Rêves est un entre-sort intimiste pour deux spectateur·rices allongé·es dans une camera oscura. Un cinéma d'animation analogique superposant le paysage avec des ombres chinoises. Une bande sonore jouée en direct. Des histoires oniriques composées spécifiquement pour chaque lieu. Une écriture collective faite in situ.

EN SAVOIR PLUS

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x Chimie du Rhin

La Boîte à Rêves joue les 24 et 25 septembre 2022 à l'entrée de l'ancien site d'industrie chimique du quartier de Klybeck à Bâle. L'association Klybeck Plus mandate la MàF pour une création unique en lien avec l'histoire du quartier.

x Transformations

Suite à l'analyse de Stéphanie, nous passons une année à paufiner les divers aspects mis en question en septembre 2022. Le processus de création est réécrit par Mäks et David afin d'intégrer les techniques de prise de décision partagée. La durée des résidences passe de trois à quatre jours, avec un temps plus libre le mercredi. Le dispositif est amélioré par Bisou, David et Myriam, avec notamment la possibilité de jouer sous la pluie et de faire le focus avec un nouveau système optique.